Comment dire « non » aux client-es en tant que freelance créatif-ve

Comment dire “non” ? © Clémence Thune

Aucun projet à l’horizon qui puisse parfaitement s’adapter à votre agenda ? La seule proposition convenant à vos disponibilités est un projet qui vous intéresse en partie seulement ? Vous pensiez avoir fait le plus dur en ouvrant votre boîte de réception mais la liste de vos emails non lus s’allonge? Vous avez lu le mail de cette client-e mais vous ne savez pas comment lui dire « non » sans la froisser ?

Travailler comme freelance dans les métiers créatifs, c’est avoir la créativité au cœur de notre travail. C’est aussi être amené-e à traiter régulièrement avec des client-es. Bien que tenté-e de dire oui à tous les projets, il y aura des moments où vous devrez dire « non ». Cela peut sembler contre-intuitif, mais refuser des client-es peut en fait être bénéfique pour votre entreprise à long terme. C’est parfois difficile à dire mais c’est aussi l’une des choses les plus importantes. Il est essentiel d’apprendre à le faire pour maintenir votre équilibre, votre créativité et votre expertise. Dans cet article, je vous présente les raisons bénéfiques d’un refus, la manière de le faire avec respect et professionnalisme.

L’importance de dire « non » aux client-es en tant que freelance

Dire « oui » à une mission aux contours indéfinis est souvent le chemin vers des sentiments de perte de temps et de confiance en soi, de dégoût, de grande fatigue, voire de %!*#🔪&§(. 

En endossant le statut de freelance, vous avez beaucoup de liberté et de flexibilité. Vous êtes aussi responsable de votre propre gestion et réussite. Chaque nouveau projet peut être un énorme investissement de temps et d’effort. Client-es gourmands et exigences floues augmentent votre charge de travail, affectent votre productivité et votre créativité. Veillez à maintenir votre vision créative dans le respect de votre temps et de vos compétences. 

Dire « non » à une mission :

En tout premier lieu, il est bon de se rappeler que dire « non » à un projet a pour but de vous maintenir en bonne position dans votre travail. Si le projet vous correspond mal, il vaut mieux rester honnête à ce sujet plutôt que d’essayer de se convaincre que vous pouvez vous adapter. En optant pour la franchise vous contribuez à renforcer une relation de confiance avec vos client-es ainsi qu’une communication saine. Car dire « non » aux client-es pour leurs demandes ou leurs budgets peut être perçu comme un signe de respect et d’engagement à l’égard de votre travail.

Dire « non » ne signifie pas être une brute, offenser les gens ou rompre la confiance que vous avez construite. Alors, comment énoncer vos limites et dire « non » avec professionnalisme? Tout d’abord, optez pour le respect et l’honnêteté. Si vous le pouvez, communiquez clairement vos limites budgétaires et de temps, et encouragez le reste de la discussion à partir de là. Vous pouvez par exemple dire que vous parlerez avec plaisir du projet quand vous aurez terminé avec votre travail en cours qui prendra fin à telle date. Vous rencontrerez la plupart du temps leur compréhension 👌. Certains attendront que vous vous libériez.

En gardant vos limites à l’esprit, vous pouvez dire « non » sans crainte de compromettre votre relation. Même si cela demande un effort avant de se sentir à l’aise dans l’art de dire « non », les résultats en valent toujours la peine.

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Passons à la pratique : vos critères de décision pour dire « non » avec assurance.

À vous d’établir votre liste de critères. Voici les miens en guise d’exemple : 

  • Votre client-e a t il envoyé son mail à la bonne personne ? 

☑ non

Éventuellement, orientez votre client-e vers d’autres experts : copywriters, consultant marketing, agence d’illustrateurs, studio d’animation ou autres. Si vous ne pensez pas être la bonne personne pour la mission proposée, il peut être utile de décrire ce en quoi vous pouvez l’être. 

Un exemple vécu : Une maison d’édition de livres jeunesses me propose un projet dont le sujet m’intéresse avec un budget très réduit. Je dis « non » à la mission proposée mais je dis que je serais ravie de créer des couvertures de leurs romans. Ce que je garde pour moi : avec un budget réduit, j’accepterais un projet s’il m’inspire, s’il est rapide à réaliser et s’il sert à enrichir mon portfolio (à défaut de mon portefeuille). 

  • Le brief est-il précis ? Les demandes des client-es sont-elles explicites ? 

☑ non

Orientez la discussion pour obtenir le maximum d’informations et prendre une décision rapidement (il est bon de lister les éléments essentiels à une bonne prise de décision : y a-t-il une charte graphique établie à respecter ? Si oui laquelle ? Quelle est la deadline ? Quelle est l’enveloppe allouée pour la mission? etc.)

  • Les client-es ont-t-ils un budget défini ? 

☑ non 

Selon les éléments fournis, je vous conseille d’annoncer un tarif dès les premiers échanges. Même une fourchette de prix permettra de donner un repère et aura l’avantage de faire le tri tout en gagnant du temps.

  • Est ce que le sujet m’intéresse ? 

☑ non 

Soyez honnête. Il suffit que vous vous sentiez déphasé avec le projet, la thématique, ou la marque : cela vous empêchera de donner le meilleur de vous-même. C’est une bonne raison de dire « non ». Le plus, pour ne pas laisser les client-es dans le désarroi : en tant qu’expert-e, vous pouvez les orienter vers un profil qui vous semble mieux correspondre à la demande. Que ce soit vers quelqu’un que vous connaissez personnellement ou non, profitez-en pour faire savoir que vous êtes une mine d’informations. 

  • Est-ce que le projet pourra servir à ma propre communication et étoffer mon portfolio ? 

☑ non

Si vous pensez que le projet ne servira pas votre portfolio concentrez vous sur le rapport temps/argent. Tout comme le minimum de rémunération que vous acceptez pour cette mission, il est bon de préciser le temps que vous pouvez dédier à ce projet, l’énergie que vous pensez pouvoir déployer avec sérénité. Plutôt une semaine, un mois, un jour ? 
Le petit + : un bon repère d’évaluation de la qualité du studio ou de l’agence qui vous contacte : Est-ce que le studio/agence mentionne en légende de ses projets sur son site les freelance qui ont collaboré ? oui/non, si non : mon expérience m’a révélée que les studios/agences ne mentionnant pas la liste des personnes salariées ou freelance ayant collaboré aux projets ont toujours tiré sur la corde à d’autres moments en cours de mission. 

L’idée générale lorsque un-e client-e arrive dans ma salle d’attente (ma boîte mail) c’est de rapidement diagnostiquer sa présence dans mes mails 🔎 et de l’orienter du mieux possible 💨 sans perdre ni temps ni énergie.


En règle générale, chi va piano va sano !

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Pour moi une demande urgente est rédhibitoire, souvent signe d’une organisation bancale du côté de la demande. Prendre le temps de la réflexion et refuser la précipitation sont mes principes de travail bien rôdés. Alors je prends mon clavier pour répondre : « j’ai bien lu votre email, je vais prendre le temps de l’étudier et revenir vers vous dans la semaine », ça ne mange pas de pain. Prendre son temps pour être en confiance avec la décision prise, c’est se positionner en tant qu’experte : ferme et polie tout en réorientant les client-es vers ce qui semble mieux convenir.

Dire « non » c’est aussi se promettre que nous serons disponibles pour la bonne mission, pour les bonnes raisons, avec un bon projet correspondant à nos propres critères. Quelle que soit la demande, il me semble bon de se rappeler que rien n’est urgent.


Dire « non » : une compétence professionnelle sous-estimée

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Wetransfer a publié un rapport détaillé ici : WeTransfer Ideas Report 2022 

Vous y trouverez en anglais quelques chiffres illustrant l’importance largement partagée de traiter de ce sujet : 

Saying “no” is the most underrated workplace skill | Ideas Report 2022  (Trad. Dire « non » est la compétence professionnelle la plus sous-estimée | Ideas Report 2022)

WeTransfer Ideas Report 2022

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